Année Globale D’Actions 2010
Ce rapport préliminaire sera proposé à la discussion du Conseil International du Forum social mondial. Il a été préparé suite à la discussion de la Commission stratégie qui a eu lieu à la séance du Conseil, à Dakar, en novembre 2011. Il a été établi à partir du « Tableau des événements 2010 » qui est donné en annexe. Il sera repris et complété quand les fiches de synthèse seront disponibles, et validés par les organisateurs, pour tous les événements de l’année 2010 (pour l’instant, vingt et une fiches sont disponibles ou en attente). Les fiches disponibles sont accessibles sur le site :
https://fsm2011.org/en/global-actions
https://fsm2011.org/fr/actions-globales
https://fsm2011.org/br/acoes-globais
https://fsm2011.org/es/acciones-globales
L’Année globale d’actions 2010
Le FSM de Belém a marqué une étape importante dans le processus des FSM. Il a bénéficié d’une relance de la dynamique des forums et a impulsé une nouvelle accélération et de nouvelles questions. Pour y répondre dans le passage de Belém à Dakar, le Conseil International a proposé d’organiser une Année Globale d’Actions 2010, mettant ainsi en perspective les événements et les initiatives s’inscrivant dans le processus des forums pendant l’année 2010.
Des conditions ont été définies pour pouvoir inscrire un événement sur la liste de l’Année Globale d’actions 2010. L’inscription est demandée par les mouvements sociaux et citoyens, associés au processus des forums, qui se proposent d’organiser l’événement et qui constituent un comité d’initiative. Le Comité d’initiative accepte de se référer à la Charte des principes du Forum Social Mondial. L’organisation de l’événement prend en compte les principes méthodologiques des Forums et notamment une place importante donnée aux activités autogérées.
Au début de l’année 2010, 41 événements avaient demandé à être inscrits sur la liste de l’Année Globale d’actions 2010. Tous ont eu lieu pendant l’année 2010, avec parfois des changements de date pendant l’année, à l’exception d’un seul forum prévu en Mauritanie et qui a été reporté. Quatorze autres événements se sont rattachés au processus, pendant l’année 2010, en acceptant les conditions définies. Ils sont identifiés dans le tableau dans une section « Non planifiés début 2010 ». Le présent rapport porte sur les 55 événements, listés dans le tableau joint, qui constituent l’Année globale d’actions 2010. Il ne prend pas en compte les événements de l’année 2009, après Belém, et ceux du début de l’année 2011 qui se sont situés dans la perspective de Dakar. En janvier 2011, il y a eu 6 ou 7 forums dont le dernier en date, prévu les 29 et 30 janvier 2011, est le Forum Ecologie du Forum social Mésopotamien, en Turquie.
De nombreux autres événements se sont déroulés pendant l’année 2010 et ne sont pas pris en compte dans ce tableau, soit parce que nous n’en avons pas eu connaissance, soit parce qu’il s’agit de forums et d’événements locaux, organisés localement. Il y a aussi d’autres événements qui ont été organisés par des mouvements qui sont partie prenante du processus, mais qui s’inscrivent dans d’autres dynamiques. Par exemple, au Sommet de Copenhague sur la justice climatique, une partie des événements aurait pu être considérée comme rattachée au processus, mais n’a pas été retenue car les mouvements engagés ne l’ont pas demandé et que les formes d’organisation ont été définies sans référence à la Charte des principes.
Le CI de Dakar en novembre 2010, avait adopté, sur proposition de la commission stratégie, la décision de mettre en place un suivi de l’Année Globale d’actions en faisant établir une fiche résumée par événements (le modèle de fiche est annexée au rapport) et en demandant à disposer d’un rapport de synthèse sur l’ensemble des événements.
Le présent rapport est un rapport de présentation de l’Année globale d’actions et n’est pas encore le rapport de synthèse prévu. Il s’appuie sur le tableau des 55 événements qui en donne déjà une image significative. Il s’appuie aussi sur les premières fiches reçues, environ une vingtaine, et sur les contacts avec des organisateurs et des participants des événements.
Ce rapport est une étape. Il reste à faire établir des fiches résumées pour tous les événements, à les faire discuter et compléter par les organisateurs. A partir de là, il sera possible de rapprocher plus largement les informations et les évaluations et de préparer un rapport de synthèse en resituant l’Année globale d’actions 2010 dans son contexte et en appréciant son impact et ses conséquences pour les mouvements et pour le processus.
Quatre questions seront abordées dans ce rapport préliminaire :
- L’ancrage géographique du processus des forums
- La convergence des mouvements qui portent le processus
- Les questions qui ont été débattues dans les forums
- Les propositions exprimées sur l’avenir du processus
L’ancrage géographique du processus des forums
Les 54 événements se sont déroulés dans vingt-huit pays. En fait, beaucoup plus de pays ont été concernés que quand on retient la localisation des forums. De nombreux événements ont été organisés par des mouvements de plusieurs pays et quelques-uns se sont déroulés dans plusieurs pays. C’est notamment le cas des forums régionaux et des forums thématiques.
On a pu ainsi compter : 19 forums nationaux ; 5 forums régionaux et 31 forums thématiques. En fait, plusieurs des forums nationaux ou régionaux sont aussi des forums thématiques qui abordent quelques questions avec invitation à des participations internationales (par exemple, le forum de Mexico sur la crise du capitalisme).
Si on analyse la répartition de la localisation des événements par grandes régions, on arrive à la distribution suivante :
Amérique du Sud - 22 (dont Brésil 13)
Maghreb-Machrek - 10
Europe - 10
Afrique - 7
Asie - 4
Amérique du Nord - 2
Total = 55
L’élargissement géographique du mouvement peut être souligné. En fait, les grandes régions ne sont pas très significatives pour apprécier cet élargissement. Le niveau le plus pertinent est celui des sous-régions. C’est à ce niveau que se fait l’articulation entre les tendances de la mondialisation à l’organisation des grandes régions et les formes géoculturelles des mouvements sociaux. Il paraît plus intéressant pour nous, de partir de la dimension géographique des mouvements sociaux pour redessiner une carte nouvelle géographique, du point de vue du processus des forums sociaux.
De ce point de vue, on peut souligner :
- Le poids de l’Amérique du Sud, et plus particulièrement du Brésil. Il tient à la vigueur des mouvements sociaux et citoyens dans la Région et aux rapports, contradictoires, qui se sont instaurés entre les mouvements et les régimes politiques. Les sous-régions seraient le Brésil et l’Amazonie, l’Amérique andine, le cône Sud, le Mexique et l’Amérique centrale, les caraïbes.
- La montée en puissance très rapide de la région Maghreb-Machrek avec la montée des luttes sociales et des luttes démocratiques et la question controversée de l’islam politique. Les sous-régions seraient le Maghreb, la Turquie et l’Irak avec la Syrie, L’Egypte avec la Palestine et le Liban, l’Iran et l’Afghanistan.
- Le maintien d’une présence européenne, malgré la crise du mouvement européen et la contradiction entre la montée des luttes de résistance sociale et la dérive totalitaire et xénophobe de certains régimes. Les sous-régions seraient l’Europe du Sud, l’Europe du Nord, l’Europe de l’Est et la Russie.
- La forte activité en Afrique et la forte activité des forums liée aux mouvements sociaux africains. Les sous-régions seraient l’Afrique de l’Ouest et centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe (l’Afrique du Nord étant aussi dans la région Magreb-Machrek).
- Le fléchissement en Asie lié aux difficultés des mouvements sociaux en Inde. Les sous-régions seraient l’Inde avec le Bangladesh et le Pakistan, l’Asie du sud-est, la Chine.
- La forte présence de l’Amérique du Nord par rapport au petit nombre de pays de la région.
On passerait ainsi de six grandes régions à vingt régions, à préciser, qui serviraient de support à une réflexion sur l’évolution des mouvements et des réseaux.
La convergence des mouvements
Chaque forum est organisé par un ensemble de mouvements. On peut distinguer trois niveaux d’implication des mouvements. Tout d’abord, les mouvements qui prennent en charge l’organisation d’une initiative. On peut compter de trois à quinze mouvements directement impliqués dans l’organisation d’une initiative. Ensuite, les mouvements qui participent activement à l’organisation des activités ; notamment des activités autogérées. On peut compter, suivant l’importance des forums, de trente à 1000 associations impliquées dans les activités d’un forum. Enfin, les mouvements qui sont présents dans les forums sans jouer un rôle très actif dans leur prise en charge. On peut compter deux à cinq fois plus de mouvements présents que ceux qui participent activement aux activités. (Ces données seront précisées quand on disposera de l’ensemble des fiches validées)
De même, une évaluation du public des forums pourra, peut-être, être précisée à partir des fiches validées. On peut distinguer le public impliqué dans les activités, à partir des inscriptions, et le public drainé par les mobilisations et manifestations associées à un événement. Le public « inscrit » va de 200 personnes (forum syndical en Algérie, tenu malgré son interdiction) à environ 20000 personnes (Porto Alegre, Detroit). Le public drainé par les manifestations, quand il y en a peut atteindre cinq à dix fois le public « inscrit ». L’intérêt de ces données quantitatives est très relatif ; il peut donner quelques idées pour les organisateurs des forums. Une analyse sur le public, vérifiée sur quelques forums, montre que suivant la nature du forum (national, régional, thématique), 60 à 70% des participants viennent du pays où est localisé le forum ; 20 à 30% viennent des autres pays de la sous-région ; 5 à 15% viennent des autres régions du monde.
La nature des mouvements est très diverse et mal connue. Elle va de réseaux régionaux ou internationaux, très présents dans les forums thématiques à de petites associations locales très autonomes. La base la plus active est constituée par les associations nationales importantes activement engagées dans des réseaux régionaux ou thématiques. De même la nature des mouvements est très diverse ; on y retrouve des mouvements sociaux, des mouvements citoyens, des mouvements engagés dans des activités économiques (économie sociale et solidaire), des mouvements culturels et des « ONG » de différentes natures.
Le rapport entre les mouvements et les activités pourrait aussi être précisé. D’une manière générale, les processus « d’agglutination » des activités autogérées reste souvent limité aux réseaux existants et aux accords entre réseaux ; par exemple au croisement entre réseaux thématiques et réseaux régionaux qui facilitent des rapprochements. De ce point de vue, l’organisation des inscriptions d’activités ne sont pas encore maîtrisés et le temps manque pour faciliter les rapprochements. Le processus pour les assemblées de convergence ou des assemblées pour l’action en est à ses débuts.
Une analyse transversale est nécessaire. Elle permettrait de mettre à l’étude une cartographie des mouvements et de leur évolution.
Les contenus et les débats
Les forums sont des espaces de débats et de discussions qui mêlent les interrogations issues des mobilisations et des luttes, les analyses et les approches théoriques, les références aux pratiques alternatives. Dans tous les forums, les discussions mettent en évidence des questions à débattre qui se retrouvent d’un forum à l’autre avec des approches spécifiques. Les forums régionaux mettent en évidence certaines questions à partir des préoccupations des mouvements sociaux et citoyens de la région. Les mouvements concrétisent une approche régionale commune à partir des questions mises en avant et de la manière de les aborder propres au mouvement. Il en est de même pour les forums nationaux qui abordent plus directement l’appréciation des situations nationales, sociales et politiques, et des rapports entre les mouvements et les instances politiques.
Les forums thématiques prennent une place de plus en plus grande dans le processus des forums sociaux et plus particulièrement en matière d’élaboration. Ces forums mettent en avant une question qui constitue l’objet principal du forum. Cette question peut se référer à un champ thématique (par exemple l’éducation ou l’agriculture) ou à un recoupement entre plusieurs champs et plusieurs interrogations (par exemple éducation et culture ou agriculture, souveraineté alimentaires et terres). L’intérêt de l’approche est double : les questions et les interrogations partent des mouvements et de leur manière de mettre les questions en évidence ; l’importance accordée aux activités autogérées dans l’organisation des forums renforce la richesse des débats et garantit la diversité des approches et des positions.
Les forums thématiques permettent d’approfondir une question et de construire une élaboration plus collective, plus large et plus continue. Sur certaines questions il y a déjà des forums réguliers qui en sont à leur deuxième ou troisième session. Ils permettent aussi de faire converger les mouvements et les réseaux qui interviennent sur cette question, d’élargir leurs approches par la participation de nouveaux réseaux, de confronter les points de vue, de mettre en avant des propositions et de les proposer à la validation des autres mouvements, de tirer en commun les leçons des mobilisations, de faire connaître et de soumettre à une évaluation critique les avancées politiques et les approches alternatives.
Un forum thématique prépare et ordonne les discussions et les débats sur une question. Il ne peut pas pour autant résumer le processus d’élaboration des FSM. Il peut y avoir des biais dans les forums thématiques. L’un d’eux est la survalorisation de la parole des experts sur une question déterminée. L’autre est la subordination des mobilisations aux instances de négociations, notamment internationales, sur une question donnée et l’adoption de l’agenda des forces dominantes sur la scène mondiale. La réponse à ces dérives est constituée par les mouvements sociaux et citoyens qui sont à la base des forums. Il leur appartient de veiller attentivement dans la préparation des forums à la place donnée à l’approche des mouvements. La validation des approches et des propositions passe par les mobilisations des mouvements. Ce sont ces mouvements qui portent les discussions entre les forums. De ce point de vue, les forums sociaux mondiaux constituent l’espace majeur de la transversalité.
L’analyse des forums thématiques de l’Année globale d’actions 2010 permet d’identifier certaines des questions qui ont été mises en avant par un forum thématique et qui ont pu être abordées dans plusieurs forums. Les questions ont été regroupées à partir des rapprochements affichés dans la convocation des forums.
Les regroupements retenus, à partir des thèmes affichés des forums, sont les suivants :
- La crise, la crise du capitalisme et les questions financières (Mexico)
- La crise de civilisation, le progrès et la modernité (Cochabamba, Guerrero)L’environnement, l’écologie, le climat, les terres, les mines (Cochabamba, Le Caire, Niamey)
- Agriculture, souveraineté alimentaire, terres (Niamey, Quito)
- Urbain, banlieues, périphéries, droits à la ville (Rio, Pelotas, Canoas)
- Santé, environnement (Le Caire)
- Education, culture (Osasco, Belém, Bahia, Palestine, Santiago de Compostella, Porto Alegre, Stuttgart)
- Droits, droits des peuples, droits humains, peuples indigènes, droits et justice, droits de la terre (Bento Gonçalves, Sao Leopoldo, Cochabamba, Girona, Casablanca, Guerrero)
- Démocratie (Bangaldesh, Casablanca)
- Economie sociale et solidaire, commerce équitable et commerce mondial (Canoas)
- Migrations (Quito, Bruxelles)
- Mouvements sociaux, syndicats (Tokyo, Alger, Dakar)
- Jeunes, jeunes et enfance (Lomba grande, Osasco)
- Société civile, gouvernements et société civile (Stuttgart)
- Solidarité internationale (plusieurs pays sur BDS Palestine, Bordeaux)
- Processus des FSM, bilan, communication (Porto Alegre, Belém)
Dans les forums thématiques, comme dans les forums régionaux et nationaux, des questions controversées sont discutées. On peut citer à titre d’exemple : la nature de l’émancipation, l’après-capitalisme, le rapport à la Nature, la modernité, la science, les élections, les luttes armées, les guerres, les armées, l’islam politique, les partis, les alliances, les rapports aux gouvernements, les Etats, etc. A partir des débats dans les forums mondiaux et régionaux, les questions qui émergent et qui sont reprises par les mouvements et les réseaux se retrouvent à l’origine de l’organisation de forums thématiques. Le passage d’une question controversée à un forum thématique nourrit ainsi le processus des forums.
Comment organiser les questions soulevées et les discussions dans un espace d’élaboration collective. Chacun des forums laisse des traces qui sont disponibles sur les sites internet qui ont servi à la préparation et qui, souvent, reprennent les conclusions, les déclarations et des conclusions. Les mouvements qui y participent sont porteurs de ces conclusions et peuvent les porter vers de nouvelles sessions du forum et vers d’autres forums.
Pour aller plus loin et sans chercher l’exhaustivité et une couverture générale, il serait possible de proposer aux organisateurs des forums de rédiger un rapport synthétique d’une dizaine de pages avec des liens vers les contributions plus développées. Cette note accompagnerait la fiche résumée du forum qui a été expérimentée pour l’Année globale d’actions 2010. Elle mettrait en évidence quelques rubriques : l’identification et la pertinence des questions traitées, l’analyse des situations, les résistances et les luttes populaires, les propositions de réformes en profondeur des politiques publiques, les perspectives de transformation sociale radicale et de dépassement du système dominant, les pratiques concrètes d’émancipation portées par les mouvements, les positions affirmées dans les négociations nationales et internationales, les thèmes engagés dans la bataille des idées, les mobilisations et les actions préconisées.
L’objectif serait d’identifier les questions controversées pour les recycler dans le processus. Il serait possible d’appeler les chercheurs et les intellectuels, à commencer par ceux des mouvements, à se saisir des questions pour en débattre, mener des recherches, élaborer des théories, les soumettre à critique et vérification dans les forums.
L’évolution du processus des forums sociaux
L’année globale d’actions 2010, de Belém à Dakar, a permis de renforcer et d’approfondir le processus des forums sociaux mondiaux. Le Conseil international pourra en tirer des leçons pour la suite à partir des 55 événements de l’année 2010.
Les commissions du Conseil international ont accompagné le processus et ont commencé à en tirer des leçons et des propositions.
La commission méthodologie a joué un rôle essentiel de conseil et d’accompagnement. Elle a aidé les événements à donner une importance majeure aux activités autogérées et la priorité au rôle des mouvements dans l’organisation des forums. Elle a travaillé sur les assemblées de convergence qui ont été expérimentées à Nairobi, mises en place à Belém. Ces assemblées peuvent bénéficier de l’expérience du Forum de Détroit qui a mis en place des « peoples movements assembly » dont certaines se sont déployées sur plusieurs années entre les deux forums des Etats Unis, d’Atlanta à Detroit. Elle devra aussi analyser les rapports entre gouvernements et mouvements, notamment au Forum de Cochabamba.
La commission expansion joué un rôle très important dans l’approche régionale des forums. Elle a accompagné la montée en puissance du mouvement des forums dans la région Maghreb-Machrek. Elle devra travailler à l’évolution du mouvement par région et sous-régions, particulièrement en Asie. Elle a géré avec calme et efficacité l’évolution de la composition du Conseil international.
La commission communication a joué un rôle très important dans l’innovation des forums étendus qui devrait prendre un essor nouveau avec le « Dakar étendu » et qui a été expérimenté avec de très bons résultats avec le Forum mondial de l’éducation en Palestine qui s’est traduit par un « Ramallah étendu ». Elle devra préparer le débat sur la visibilité du processus au niveau des médias et des opinions.
La commission Ressources a joué un rôle très important d’accompagnement et de conseil dans la recherche des ressources par les organisateurs des différents événements. Elle pourra tirer les leçons de la diversité des approches en la matière. Elle travaille actuellement sur la question du financement du processus en dehors de la recherche des ressources pour les événements.
La commission stratégie a été présente dans plusieurs des événements. Le débat sur la stratégie des mouvements et du processus a été présent dans un très grand nombre d’événements et a été largement renouvelé à partir du Forum de Porto-Alegre sur le bilan des dix ans. Elle travaille à partir de l’explicitation de la stratégie des mouvements, de l’identification des questions controversées, et des travaux des forums. C’est cette dernière approche qui a été la plus forte en 2010. Il serait possible de proposer à des mouvements et à des centres de recherches, et des sites qui leur sont liés, de s’engager à réaliser un rapport annuel de veille stratégique sur une des questions discutées dans les forums.
Pour l’ensemble du processus, la richesse des événements de l’année globale d’actions montre que le processus des mouvements sociaux se diversifie et s’ancre dans de nombreuses réalités. C’est une évolution qu’il faut prendre en compte. Le Conseil international pourra en tirer les leçons pour le renforcement du processus des forums sociaux.
- Il pourrait dès maintenant prolonger la démarche de l’année 2010 pour l’élargissement géographique et thématique des forums.
- Il pourrait associer la démarche des « forums étendus » à une réflexion sur le développement des forums sociaux locaux.
- Il pourrait aussi considérer que les grandes mobilisations qui le voudraient (comme Rio+20, les mobilisations pour le G8-G20, etc…) et qui en accepteraient la démarche, seraient reconnues comme des événements associés au processus des forums, renouant ainsi avec les mobilisations qui, comme à Seattle en 1999, ont contribué au lancement des forums sociaux mondiaux.
* Par Gustave Massiah, CRID-France et CI du FSM. (23-01-2011)
RAPPORT PRELIMINAIRE SUR
L’ANNEE GLOBALE D’ACTIONS 2010
Ce rapport préliminaire sera proposé à la discussion du Conseil International du Forum social mondial. Il a été préparé suite à la discussion de la Commission stratégie qui a eu lieu à la séance du Conseil, à Dakar, en novembre 2011. Il a été établi à partir du « Tableau des événements 2010 » qui est donné en annexe. Il sera repris et complété quand les fiches de synthèse seront disponibles, et validés par les organisateurs, pour tous les événements de l’année 2010 (pour l’instant, vingt et une fiches sont disponibles ou en attente). Les fiches disponibles sont accessibles sur le site : https://fsm2011.org/en/global-actions ; https://fsm2011.org/fr/actions-globales ; https://fsm2011.org/br/acoes-globais ; https://fsm2011.org/es/acciones-globales
gustave massiah (23-01-2011)
L’Année globale d’actions 2010
Le FSM de Belém a marqué une étape importante dans le processus des FSM. Il a bénéficié d’une relance de la dynamique des forums et a impulsé une nouvelle accélération et de nouvelles questions. Pour y répondre dans le passage de Belém à Dakar, le Conseil International a proposé d’organiser une Année Globale d’Actions 2010, mettant ainsi en perspective les événements et les initiatives s’inscrivant dans le processus des forums pendant l’année 2010.
Des conditions ont été définies pour pouvoir inscrire un événement sur la liste de l’Année Globale d’actions 2010. L’inscription est demandée par les mouvements sociaux et citoyens, associés au processus des forums, qui se proposent d’organiser l’événement et qui constituent un comité d’initiative. Le Comité d’initiative accepte de se référer à la Charte des principes du Forum Social Mondial. L’organisation de l’événement prend en compte les principes méthodologiques des Forums et notamment une place importante donnée aux activités autogérées.
Au début de l’année 2010, 41 événements avaient demandé à être inscrits sur la liste de l’Année Globale d’actions 2010. Tous ont eu lieu pendant l’année 2010, avec parfois des changements de date pendant l’année, à l’exception d’un seul forum prévu en Mauritanie et qui a été reporté. Quatorze autres événements se sont rattachés au processus, pendant l’année 2010, en acceptant les conditions définies. Ils sont identifiés dans le tableau dans une section « Non planifiés début 2010 ». Le présent rapport porte sur les 55 événements, listés dans le tableau joint, qui constituent l’Année globale d’actions 2010. Il ne prend pas en compte les événements de l’année 2009, après Belém, et ceux du début de l’année 2011 qui se sont situés dans la perspective de Dakar. En janvier 2011, il y a eu 6 ou 7 forums dont le dernier en date, prévu les 29 et 30 janvier 2011, est le Forum Ecologie du Forum social Mésopotamien, en Turquie.
De nombreux autres événements se sont déroulés pendant l’année 2010 et ne sont pas pris en compte dans ce tableau, soit parce que nous n’en avons pas eu connaissance, soit parce qu’il s’agit de forums et d’événements locaux, organisés localement. Il y a aussi d’autres événements qui ont été organisés par des mouvements qui sont partie prenante du processus, mais qui s’inscrivent dans d’autres dynamiques. Par exemple, au Sommet de Copenhague sur la justice climatique, une partie des événements aurait pu être considérée comme rattachée au processus, mais n’a pas été retenue car les mouvements engagés ne l’ont pas demandé et que les formes d’organisation ont été définies sans référence à la Charte des principes.
Le CI de Dakar en novembre 2010, avait adopté, sur proposition de la commission stratégie, la décision de mettre en place un suivi de l’Année Globale d’actions en faisant établir une fiche résumée par événements (le modèle de fiche est annexée au rapport) et en demandant à disposer d’un rapport de synthèse sur l’ensemble des événements.
Le présent rapport est un rapport de présentation de l’Année globale d’actions et n’est pas encore le rapport de synthèse prévu. Il s’appuie sur le tableau des 55 événements qui en donne déjà une image significative. Il s’appuie aussi sur les premières fiches reçues, environ une vingtaine, et sur les contacts avec des organisateurs et des participants des événements.
Ce rapport est une étape. Il reste à faire établir des fiches résumées pour tous les événements, à les faire discuter et compléter par les organisateurs. A partir de là, il sera possible de rapprocher plus largement les informations et les évaluations et de préparer un rapport de synthèse en resituant l’Année globale d’actions 2010 dans son contexte et en appréciant son impact et ses conséquences pour les mouvements et pour le processus.
Quatre questions seront abordées dans ce rapport préliminaire :
-
L’ancrage géographique du processus des forums
-
La convergence des mouvements qui portent le processus
-
Les questions qui ont été débattues dans les forums
-
Les propositions exprimées sur l’avenir du processus
L’ancrage géographique du processus des forums
Les 54 événements se sont déroulés dans vingt-huit pays. En fait, beaucoup plus de pays ont été concernés que quand on retient la localisation des forums. De nombreux événements ont été organisés par des mouvements de plusieurs pays et quelques-uns se sont déroulés dans plusieurs pays. C’est notamment le cas des forums régionaux et des forums thématiques.
On a pu ainsi compter : 19 forums nationaux ; 5 forums régionaux et 31 forums thématiques. En fait, plusieurs des forums nationaux ou régionaux sont aussi des forums thématiques qui abordent quelques questions avec invitation à des participations internationales (par exemple, le forum de Mexico sur la crise du capitalisme).
Si on analyse la répartition de la localisation des événements par grandes régions, on arrive à la distribution suivante :
Amérique du Sud 22 (dont Brésil 13)
Maghreb-Machrek 10
Europe 10
Afrique 7
Asie 4
Amérique du Nord 2
Total 55
L’élargissement géographique du mouvement peut être souligné. En fait, les grandes régions ne sont pas très significatives pour apprécier cet élargissement. Le niveau le plus pertinent est celui des sous-régions. C’est à ce niveau que se fait l’articulation entre les tendances de la mondialisation à l’organisation des grandes régions et les formes géoculturelles des mouvements sociaux. Il paraît plus intéressant pour nous, de partir de la dimension géographique des mouvements sociaux pour redessiner une carte nouvelle géographique, du point de vue du processus des forums sociaux.
De ce point de vue, on peut souligner :
-
Le poids de l’Amérique du Sud, et plus particulièrement du Brésil. Il tient à la vigueur des mouvements sociaux et citoyens dans la Région et aux rapports, contradictoires, qui se sont instaurés entre les mouvements et les régimes politiques. Les sous-régions seraient le Brésil et l’Amazonie, l’Amérique andine, le cône Sud, le Mexique et l’Amérique centrale, les caraïbes.
-
La montée en puissance très rapide de la région Maghreb-Machrek avec la montée des luttes sociales et des luttes démocratiques et la question controversée de l’islam politique. Les sous-régions seraient le Maghreb, la Turquie et l’Irak avec la Syrie, L’Egypte avec la Palestine et le Liban, l’Iran et l’Afghanistan.
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Le maintien d’une présence européenne, malgré la crise du mouvement européen et la contradiction entre la montée des luttes de résistance sociale et la dérive totalitaire et xénophobe de certains régimes. Les sous-régions seraient l’Europe du Sud, l’Europe du Nord, l’Europe de l’Est et la Russie.
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La forte activité en Afrique et la forte activité des forums liée aux mouvements sociaux africains. Les sous-régions seraient l’Afrique de l’Ouest et centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique Australe (l’Afrique du Nord étant aussi dans la région Magreb-Machrek).
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Le fléchissement en Asie lié aux difficultés des mouvements sociaux en Inde. Les sous-régions seraient l’Inde avec le Bangladesh et le Pakistan, l’Asie du sud-est, la Chine.
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La forte présence de l’Amérique du Nord par rapport au petit nombre de pays de la région.
On passerait ainsi de six grandes régions à vingt régions, à préciser, qui serviraient de support à une réflexion sur l’évolution des mouvements et des réseaux.
La convergence des mouvements
Chaque forum est organisé par un ensemble de mouvements. On peut distinguer trois niveaux d’implication des mouvements. Tout d’abord, les mouvements qui prennent en charge l’organisation d’une initiative. On peut compter de trois à quinze mouvements directement impliqués dans l’organisation d’une initiative. Ensuite, les mouvements qui participent activement à l’organisation des activités ; notamment des activités autogérées. On peut compter, suivant l’importance des forums, de trente à 1000 associations impliquées dans les activités d’un forum. Enfin, les mouvements qui sont présents dans les forums sans jouer un rôle très actif dans leur prise en charge. On peut compter deux à cinq fois plus de mouvements présents que ceux qui participent activement aux activités. (Ces données seront précisées quand on disposera de l’ensemble des fiches validées)
De même, une évaluation du public des forums pourra, peut-être, être précisée à partir des fiches validées. On peut distinguer le public impliqué dans les activités, à partir des inscriptions, et le public drainé par les mobilisations et manifestations associées à un événement. Le public « inscrit » va de 200 personnes (forum syndical en Algérie, tenu malgré son interdiction) à environ 20000 personnes (Porto Alegre, Detroit). Le public drainé par les manifestations, quand il y en a peut atteindre cinq à dix fois le public « inscrit ». L’intérêt de ces données quantitatives est très relatif ; il peut donner quelques idées pour les organisateurs des forums. Une analyse sur le public, vérifiée sur quelques forums, montre que suivant la nature du forum (national, régional, thématique), 60 à 70% des participants viennent du pays où est localisé le forum ; 20 à 30% viennent des autres pays de la sous-région ; 5 à 15% viennent des autres régions du monde.
La nature des mouvements est très diverse et mal connue. Elle va de réseaux régionaux ou internationaux, très présents dans les forums thématiques à de petites associations locales très autonomes. La base la plus active est constituée par les associations nationales importantes activement engagées dans des réseaux régionaux ou thématiques. De même la nature des mouvements est très diverse ; on y retrouve des mouvements sociaux, des mouvements citoyens, des mouvements engagés dans des activités économiques (économie sociale et solidaire), des mouvements culturels et des « ONG » de différentes natures.
Le rapport entre les mouvements et les activités pourrait aussi être précisé. D’une manière générale, les processus « d’agglutination » des activités autogérées reste souvent limité aux réseaux existants et aux accords entre réseaux ; par exemple au croisement entre réseaux thématiques et réseaux régionaux qui facilitent des rapprochements. De ce point de vue, l’organisation des inscriptions d’activités ne sont pas encore maîtrisés et le temps manque pour faciliter les rapprochements. Le processus pour les assemblées de convergence ou des assemblées pour l’action en est à ses débuts.
Une analyse transversale est nécessaire. Elle permettrait de mettre à l’étude une cartographie des mouvements et de leur évolution.
Les contenus et les débats
Les forums sont des espaces de débats et de discussions qui mêlent les interrogations issues des mobilisations et des luttes, les analyses et les approches théoriques, les références aux pratiques alternatives. Dans tous les forums, les discussions mettent en évidence des questions à débattre qui se retrouvent d’un forum à l’autre avec des approches spécifiques. Les forums régionaux mettent en évidence certaines questions à partir des préoccupations des mouvements sociaux et citoyens de la région. Les mouvements concrétisent une approche régionale commune à partir des questions mises en avant et de la manière de les aborder propres au mouvement. Il en est de même pour les forums nationaux qui abordent plus directement l’appréciation des situations nationales, sociales et politiques, et des rapports entre les mouvements et les instances politiques.
Les forums thématiques prennent une place de plus en plus grande dans le processus des forums sociaux et plus particulièrement en matière d’élaboration. Ces forums mettent en avant une question qui constitue l’objet principal du forum. Cette question peut se référer à un champ thématique (par exemple l’éducation ou l’agriculture) ou à un recoupement entre plusieurs champs et plusieurs interrogations (par exemple éducation et culture ou agriculture, souveraineté alimentaires et terres). L’intérêt de l’approche est double : les questions et les interrogations partent des mouvements et de leur manière de mettre les questions en évidence ; l’importance accordée aux activités autogérées dans l’organisation des forums renforce la richesse des débats et garantit la diversité des approches et des positions.
Les forums thématiques permettent d’approfondir une question et de construire une élaboration plus collective, plus large et plus continue. Sur certaines questions il y a déjà des forums réguliers qui en sont à leur deuxième ou troisième session. Ils permettent aussi de faire converger les mouvements et les réseaux qui interviennent sur cette question, d’élargir leurs approches par la participation de nouveaux réseaux, de confronter les points de vue, de mettre en avant des propositions et de les proposer à la validation des autres mouvements, de tirer en commun les leçons des mobilisations, de faire connaître et de soumettre à une évaluation critique les avancées politiques et les approches alternatives.
Un forum thématique prépare et ordonne les discussions et les débats sur une question. Il ne peut pas pour autant résumer le processus d’élaboration des FSM. Il peut y avoir des biais dans les forums thématiques. L’un d’eux est la survalorisation de la parole des experts sur une question déterminée. L’autre est la subordination des mobilisations aux instances de négociations, notamment internationales, sur une question donnée et l’adoption de l’agenda des forces dominantes sur la scène mondiale. La réponse à ces dérives est constituée par les mouvements sociaux et citoyens qui sont à la base des forums. Il leur appartient de veiller attentivement dans la préparation des forums à la place donnée à l’approche des mouvements. La validation des approches et des propositions passe par les mobilisations des mouvements. Ce sont ces mouvements qui portent les discussions entre les forums. De ce point de vue, les forums sociaux mondiaux constituent l’espace majeur de la transversalité.
L’analyse des forums thématiques de l’Année globale d’actions 2010 permet d’identifier certaines des questions qui ont été mises en avant par un forum thématique et qui ont pu être abordées dans plusieurs forums. Les questions ont été regroupées à partir des rapprochements affichés dans la convocation des forums.
Les regroupements retenus, à partir des thèmes affichés des forums, sont les suivants :
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La crise, la crise du capitalisme et les questions financières (Mexico)
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La crise de civilisation, le progrès et la modernité (Cochabamba, Guerrero)
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L’environnement, l’écologie, le climat, les terres, les mines (Cochabamba, Le Caire, Niamey)
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Agriculture, souveraineté alimentaire, terres (Niamey, Quito)
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Urbain, banlieues, périphéries, droits à la ville (Rio, Pelotas, Canoas)
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Santé, environnement (Le Caire)
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Education, culture (Osasco, Belém, Bahia, Palestine, Santiago de Compostella, Porto Alegre, Stuttgart)
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Droits, droits des peuples, droits humains, peuples indigènes, droits et justice, droits de la terre (Bento Gonçalves, Sao Leopoldo, Cochabamba, Girona, Casablanca, Guerrero)
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Démocratie (Bangaldesh, Casablanca)
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Economie sociale et solidaire, commerce équitable et commerce mondial (Canoas)
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Migrations (Quito, Bruxelles)
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Mouvements sociaux, syndicats (Tokyo, Alger, Dakar)
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Jeunes, jeunes et enfance (Lomba grande, Osasco)
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Société civile, gouvernements et société civile (Stuttgart)
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Solidarité internationale (plusieurs pays sur BDS Palestine, Bordeaux)
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Processus des FSM, bilan, communication (Porto Alegre, Belém)
Dans les forums thématiques, comme dans les forums régionaux et nationaux, des questions controversées sont discutées. On peut citer à titre d’exemple : la nature de l’émancipation, l’après-capitalisme, le rapport à la Nature, la modernité, la science, les élections, les luttes armées, les guerres, les armées, l’islam politique, les partis, les alliances, les rapports aux gouvernements, les Etats, etc. A partir des débats dans les forums mondiaux et régionaux, les questions qui émergent et qui sont reprises par les mouvements et les réseaux se retrouvent à l’origine de l’organisation de forums thématiques. Le passage d’une question controversée à un forum thématique nourrit ainsi le processus des forums.
Comment organiser les questions soulevées et les discussions dans un espace d’élaboration collective. Chacun des forums laisse des traces qui sont disponibles sur les sites internet qui ont servi à la préparation et qui, souvent, reprennent les conclusions, les déclarations et des conclusions. Les mouvements qui y participent sont porteurs de ces conclusions et peuvent les porter vers de nouvelles sessions du forum et vers d’autres forums.
Pour aller plus loin et sans chercher l’exhaustivité et une couverture générale, il serait possible de proposer aux organisateurs des forums de rédiger un rapport synthétique d’une dizaine de pages avec des liens vers les contributions plus développées. Cette note accompagnerait la fiche résumée du forum qui a été expérimentée pour l’Année globale d’actions 2010. Elle mettrait en évidence quelques rubriques : l’identification et la pertinence des questions traitées, l’analyse des situations, les résistances et les luttes populaires, les propositions de réformes en profondeur des politiques publiques, les perspectives de transformation sociale radicale et de dépassement du système dominant, les pratiques concrètes d’émancipation portées par les mouvements, les positions affirmées dans les négociations nationales et internationales, les thèmes engagés dans la bataille des idées, les mobilisations et les actions préconisées.
L’objectif serait d’identifier les questions controversées pour les recycler dans le processus. Il serait possible d’appeler les chercheurs et les intellectuels, à commencer par ceux des mouvements, à se saisir des questions pour en débattre, mener des recherches, élaborer des théories, les soumettre à critique et vérification dans les forums.
L’évolution du processus des forums sociaux
L’année globale d’actions 2010, de Belém à Dakar, a permis de renforcer et d’approfondir le processus des forums sociaux mondiaux. Le Conseil international pourra en tirer des leçons pour la suite à partir des 55 événements de l’année 2010.
Les commissions du Conseil international ont accompagné le processus et ont commencé à en tirer des leçons et des propositions.
La commission méthodologie a joué un rôle essentiel de conseil et d’accompagnement. Elle a aidé les événements à donner une importance majeure aux activités autogérées et la priorité au rôle des mouvements dans l’organisation des forums. Elle a travaillé sur les assemblées de convergence qui ont été expérimentées à Nairobi, mises en place à Belém. Ces assemblées peuvent bénéficier de l’expérience du Forum de Détroit qui a mis en place des « peoples movements assembly » dont certaines se sont déployées sur plusieurs années entre les deux forums des Etats Unis, d’Atlanta à Detroit. Elle devra aussi analyser les rapports entre gouvernements et mouvements, notamment au Forum de Cochabamba.
La commission expansion joué un rôle très important dans l’approche régionale des forums. Elle a accompagné la montée en puissance du mouvement des forums dans la région Maghreb-Machrek. Elle devra travailler à l’évolution du mouvement par région et sous-régions, particulièrement en Asie. Elle a géré avec calme et efficacité l’évolution de la composition du Conseil international.
La commission communication a joué un rôle très important dans l’innovation des forums étendus qui devrait prendre un essor nouveau avec le « Dakar étendu » et qui a été expérimenté avec de très bons résultats avec le Forum mondial de l’éducation en Palestine qui s’est traduit par un « Ramallah étendu ». Elle devra préparer le débat sur la visibilité du processus au niveau des médias et des opinions.
La commission Ressources a joué un rôle très important d’accompagnement et de conseil dans la recherche des ressources par les organisateurs des différents événements. Elle pourra tirer les leçons de la diversité des approches en la matière. Elle travaille actuellement sur la question du financement du processus en dehors de la recherche des ressources pour les événements.
La commission stratégie a été présente dans plusieurs des événements. Le débat sur la stratégie des mouvements et du processus a été présent dans un très grand nombre d’événements et a été largement renouvelé à partir du Forum de Porto-Alegre sur le bilan des dix ans. Elle travaille à partir de l’explicitation de la stratégie des mouvements, de l’identification des questions controversées, et des travaux des forums. C’est cette dernière approche qui a été la plus forte en 2010. Il serait possible de proposer à des mouvements et à des centres de recherches, et des sites qui leur sont liés, de s’engager à réaliser un rapport annuel de veille stratégique sur une des questions discutées dans les forums.
Pour l’ensemble du processus, la richesse des événements de l’année globale d’actions montre que le processus des mouvements sociaux se diversifie et s’ancre dans de nombreuses réalités. C’est une évolution qu’il faut prendre en compte. Le Conseil international pourra en tirer les leçons pour le renforcement du processus des forums sociaux.
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Il pourrait dès maintenant prolonger la démarche de l’année 2010 pour l’élargissement géographique et thématique des forums.
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Il pourrait associer la démarche des « forums étendus » à une réflexion sur le développement des forums sociaux locaux
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Il pourrait aussi considérer que les grandes mobilisations qui le voudraient (comme Rio+20, les mobilisations pour le G8-G20, etc…) et qui en accepteraient la démarche, seraient reconnues comme des événements associés au processus des forums, renouant ainsi avec les mobilisations qui, comme à Seattle en 1999, ont contribué au lancement des forums sociaux mondiaux.
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