Note Conceptuelle
NOTE CONCEPTUELLE POUR LE FORUM SOCIAL MONDIAL (FSM) 2011
I) LE CONTEXTE MONDIAL
Le Forum Social Mondial (FSM) reviendra en Afrique en 2011, plus précisément au Sénégal. Le FSM, né en 2001 à Porto Alegre (Brésil), y a célébré ses dix ans d’existence au mois de janvier 2010. Cet anniversaire a été l’occasion d’évaluer le chemin parcouru, d’analyser les acquis et les faiblesses du FSM et d’identifier les principaux défis qui se posent au mouvement social mondial à la lumière de la faillite du système néolibéral et des problèmes liés au changement climatique.
Le Forum de 2011 sera organisé dans un contexte mondial marqué par la crise profonde du système néolibéral, symbolisé surtout par l’effondrement du fondamentalisme de marché illustré par la crise financière internationale. Celle-ci avait été précédée par la crise alimentaire mondiale qui a ajouté des millions de personnes à la liste déjà longue de celles qui souffrent chroniquement de la faim, estimées à plus d’un milliard selon les dernières estimations de la FAO.
Le changement climatique est venu exacerber toutes ces crises et aggraver les menaces qui pèsent sur la planète. Le Forum Social Mondial de Belém de 2009 avait souligné les préoccupations du mouvement social sur cette question. Toutes ces crises sont le reflet de l’essoufflement du système capitaliste dont la crise de légitimité s’approfondit chaque jour un peu plus. Tous les mythes fondateurs du capitalisme, tels que le « libre-marché », le « libre-échange », les marchés «auto-régulateurs », sont partout remis en cause, y compris dans les pays capitalistes.
La crise systémique du capitalisme est le résultat à la fois des contradictions internes au système lui-même et des luttes des peuples et nations du Sud ainsi que des mouvements populaires dans les pays industrialisés. La financiarisation de l’économie traduit une crise profonde de rentabilité reflétée par le décalage grandissant entre les flux de capitaux liés à l’économie réelle (production et commerce) et les énormes flux financiers qui circulent quotidiennement à travers le monde, dont l’écrasante majorité est pour l’essentiel utilisée pour des activités spéculatives illustrées par l’explosion du marché des produits dérivés.
Les luttes des couches populaires au Nord ainsi que les résistances des peuples et pays du Sud ont davantage exacerbé la crise de rentabilité de l’économie réelle et accentué le recours à la spéculation financière dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis.
La crise systémique du capitaliste porte en germe de nouveaux dangers pour l’Humanité. En effet, les principaux centres du capitalisme mondial, menés par les Etats-Unis, n’accepteront pas facilement la fin de leur suprématie sur l’économie mondiale. Déjà, au nom de la « lutte contre le terrorisme » l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a été transformée en bras armé du capitalisme pour tenter de le sauver de la débâcle. D’énormes moyens militaires, financiers et politiques sont mis en œuvre à cette fin. Les guerres d’agressions contre les peuples ne peuvent être exclues comme « solutions » à la crise du capitalisme. En effet, pour empêcher, ou tout au moins ralentir, le processus de déclin de leur contrôle sur l’économie mondiale, l’impérialisme US et ses alliés n’hésiteront pas à provoquer des guerres de « basse intensité » contre des pays souverains et tous ceux qui s’opposent à leurs politiques. La guerre d’agression contre l’Irak, de même que les menaces et provocations contre d’autres pays font partie intégrante d’un même et unique plan d’agression et de terreur contre les peuples et les pays qui refusent les diktats de l’impérialisme occidental.
II) CONTEXTE ET SIGNIFICATION POUR L’AFRIQUE
Le retour du FSM en Afrique peut être interprété comme un message à la fois idéologique et politique. Sur le plan idéologique, les acteurs du FSM semblent lancer un défi au système néolibéral et à ses instruments, notamment la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, pour leur signifier qu’ils vont les affronter en Afrique, considérée comme l’un des points faibles dans la résistance aux politiques néolibérales. Le retour du FSM en Afrique est sûrement l’expression d’une solidarité active du mouvement social international avec les luttes des mouvements sociaux et peuples africains.
Ce soutien est d’autant plus bienvenu que l’Afrique risque de payer un lourd tribut à la crise actuelle du capitalisme. En effet, déjà affaiblis par les programmes d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, les pays africains seront confrontés à de nouveaux défis de développement encore plus complexes.
Le mouvement social africain doit saisir l’occasion du FSM 2011 pour mettre l’accent sur ces défis. Tout d’abord, les questions fondamentales, liées au développement économique et social de l’Afrique, à sa sécurité et à ses relations avec le reste du monde, doivent être au centre des débats du Forum. Dans ce contexte, le Forum doit être une grande occasion pour intensifier les luttes contre les politiques néolibérales étant donné que l’Afrique illustre l’un des plus grands échecs de trois décennies d’intervention de la Banque mondiale et du FMI. En outre, il faut renforcer la résistance contre les politiques de « sortie de crise » que préparent les pays occidentaux et les institutions internationales et dont l’Afrique risque de supporter le coût le plus élevé.
C’est pour ces raisons, entre autres, que les mouvements sociaux africains doivent utiliser la tribune du FSM 2011 pour renforcer leurs luttes contre l’impérialisme, le néocolonialisme et le système néolibéral dans son ensemble, en discréditant davantage son idéologie, en remettant en cause ses concepts et valeurs et en contribuant ainsi à aggraver sa crise de légitimité.
Dans leurs luttes contre l’idéologie et les politiques néolibérales, les mouvements sociaux africains devraient utiliser, entre autres instruments, la culture. Durant l’esclavage et la colonisation, la culture avait été un formidable instrument de résistance et un moyen de mobilisation politique et sociale contre l’oppression et la domination. Ainsi, la préparation et la tenue du FSM 2011 doivent-elles être des occasions pour mobiliser parmi les meilleurs talents et créateurs dans tous les domaines de la culture, sur le continent et dans la Diaspora, pour contribuer aux débats sur les défis de développement du continent et au service des luttes pour les transformations économiques et sociales.
En conclusion, le FSM 2011 doit être l’occasion pour le mouvement social africain de renforcer la prise de conscience tant au niveau des citoyens ordinaires qu’au niveau des forces politiques sur la nécessité de mettre fin au système néocolonial et à la domination impérialiste afin que l’Afrique prenne son destin en main et explore une voie de développement qui lui soit propre.
III) LA DIMENSION SUD-SUD DU FSM 2011
Le FSM 2011 donnera également une grande importance aux relations Sud-Sud. En effet, l’un des traits marquants du début du 21ème siècle est la montée du Sud comme acteur majeur sur la scène mondiale. La crise du capitalisme mondial, l’influence grandissante de certains pays du Sud, les développements en Amérique latine et les résistances notées en Afrique contre les Accords de partenariat économique (APE), tout cela montre que les puissances occidentales ne peuvent plus imposer aussi facilement leur agenda au reste du monde.
Parallèlement, les liens entre l’Afrique et les autres régions du Sud se sont renforcés. Des Sommets se sont tenus entre l’Afrique et la Chine, entre l’Afrique et l’Inde, entre l’Afrique et l’Amérique latine. En particulier, le Brésil est en train de développer des relations étroites avec une bonne partie des pays africains.
Les luttes populaires et politiques en Amérique latine ont fortement affaibli l’hégémonie de l’impérialisme nord-américain et apporté une grande contribution à la lutte contre le système impérialiste et néolibéral dans le monde.
Tout cela constitue des développements majeurs que les mouvements sociaux du Sud doivent prendre en compte. Déjà en 2006, à Bamako (Mali), le mouvement social avait célébré le 50ème anniversaire de la fameuse Conférence de Bandung qui avait marqué l’irruption des pays africains et asiatiques nouvellement indépendants sur la scène internationale. De nos jours, quel est le contenu de la solidarité afro-asiatique ? Quel est le contenu de la solidarité et de la coopération Sud-Sud ? Quelle est la place du mouvement social dans celle-ci ? Quelles sont les implications des changements intervenus au Sud pour la transformation du rapport des forces à l’échelle mondiale?
Telles sont quelques-unes des questions qui pourraient faire l’objet de discussions durant le FSM.
IV) LES PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES
S’appuyant sur l’expérience de 10 ans du FSM, le Forum de Dakar devrait être un espace destiné à 1) renforcer la capacité offensive contre le capitalisme néolibéral ; 2) approfondir les luttes et résistances contre le capitalisme, l’impérialisme et l’oppression ; et 3) proposer des alternatives démocratiques et populaires.
Tout en mettant l’accent sur l’histoire de la résistance et des luttes des peuples africains contre la domination et l’oppression impéralistes, le FSM 2011 doit trouver l’articulation nécessaire avec les luttes et stratégies globales communes à l’Afrique, aux autres pays du Sud et au Nord. Ainsi, les thèmes du Forum, tout en mettant l’accent sur les priorités exprimées par les mouvements sociaux africains, doivent-ils tenir compte des préoccupations majeures de l’ensemble du mouvement social mondial.
C’est dans la poursuite de ces objectifs que sont proposés les principaux axes stratégiques ci-après pour le FSM 2011 à Dakar.
AXE STRATEGIQUE 1: APPROFONDIR LA CRITIQUE DU CAPITALISME
Comme rappelé dans l’introduction, le monde est en proie à une série de crises, y compris le changement climatique, qui sont toutes liées au mode de production et d’accumulation capitaliste. Le mythe des « marchés « auto-régulateurs » a entraîné une série de déréglementations et de libéralisation du commerce et des flux de capitaux à travers le monde dans le but de donner plus de pouvoirs aux marchés. La crise de rentabilité de l’économie réelle a favorisé l’explosion du marché des dérivatives, qui a ouvert la voie aux activités spéculatives à une échelle sans précédent.
D’un autre côté, les forces politiques et sociales au Nord et au Sud n’ont cessé de renforcer la résistance contre le système capitaliste et les politiques néolibérales. Les syndicats et forces progressistes dans les pays industrialisés ont intensifié les luttes pour préserver leurs emplois et leur pouvoir d’achat. Dans les pays du Sud, l’expérience des politiques discréditées du FMI et de la Banque mondiale avait renforcé la prise de conscience des mouvements sociaux, des forces politiques progressistes et même de certains Etats sur la nécessité de s’opposer à ces politiques et au fondamentalisme de marché.
Si pour beaucoup, les crises en cours sont le reflet de l’épuisement du capitalisme comme modèle de production et d’accumulation de richesses, pour d’autres, elles traduisent une crise de civilisation avec la remise en cause de toutes les valeurs associées au capitalisme.
Que ce soit une crise systémique du capitalisme ou une crise de civilisation, le fait est que l’Humanité est en proie à de très profonds changements. L’hégémonie des puissances occidentales est remise en cause par des Etats et diverses forces politiques et sociales du Sud. Des peuples et nations, autrefois dominés, sont en train de consolider leur indépendance et renforcer leur contrôle sur leurs propres ressources.
Les crises actuelles offrent donc une occasion unique aux mouvements sociaux associés au FSM d’approfondir la critique du système capitaliste et aggraver sa crise de légitimité.
AXE STRATEGIQUE 2 : RENFORCER LES LUTTES ET RESISTANCES CONTRE LE CAPITALISME, L’IMPERIALISME ET L’OPPRESSION
A la lumière des crises décrites plus haut et des tentatives de « solutions » visant à sauver le capitalisme sur le dos des peuples et surtout des peuples du Sud, le FSM 2011 doit être l’occasion d’étendre les frontières de la résistance et des luttes contre le capitalisme, l’impérialisme et toutes les formes d’oppression contre les peuples. A cet égard, le Forum doit donner la possibilité de s’exprimer à tous les mouvements et réseaux engagés sur les différents fronts de cette lutte. Il doit offrir l’occasion de renforcer la capacité de résistance contre les crises en cours et les solutions que les principales puissances et les institutions multilatérales cherchent à imposer aux peuples, au Nord et au Sud. Il doit surtout offrir un espace pour les peuples indigènes et autochtones luttant contre les effets des génocides et d’autres atrocités perpétrés par le capitalisme, en vue de recouvrer leur dignité, leur culture et leurs droits sur leurs ressources.
Le Forum devrait en outre offrir la possibilité aux peoples injustement privés de leur droit légitime à fonder leur Etat de venir partager leurs expériences de luttes et de résistance contre l’oppression et les crimes commis par l’impérialisme et les forces de domination. Ces groupes et mouvements pourraient apporter une nouvelle dimension au Forum et lui donner plus de légitimité comme espace ouvert à tous ceux qui résistent contre le système capitaliste, l’impérialisme et diverses formes d’oppression et de domination.
De la même façon, le Forum devrait être un espace pour les mouvements luttant pour la restauration de la souveraineté des peuples sur leurs ressources (eau, terre, etc.) et pour la démocratisation de l’accès à ces ressources.
En fait, le FSM 2011 doit offrir un espace à tous les groupes et mouvements, à toutes les forces politiques progressistes opposées d’une manière ou d’une autre aux politiques associées au paradigme néolibéral et luttant contre l’oppression, la domination, la discrimination et l’exclusion.
AXE STRATEGIQUE 3: CONSTRUIRE DES ALTERNATIVES DEMOCRATIQUES ET POPULAIRES
La crise systémique du capitalisme et les problèmes liés au changement climatique sont comme un appel pressant pour envisager un autre avenir pour l’Humanité. Ces crises semblent conforter l’analyse des mouvements sociaux et du FSM qui n’ont cessé de dire que le système néolibéral menait le monde vers une tragique impasse. C’est pourquoi il est temps d’intensifier les luttes pour promouvoir d’autres modèles de production et de distribution de richesses en rupture avec la logique de l’accumulation capitaliste
Donc, le défi pour les mouvements sociaux et le FSM est d’aller au-delà de la critique du capitalisme et de proposer des alternatives réelles au système actuel. Les Etats-Unis, l’Union européenne et les autres pays capitalistes cherchent des solutions pour sauver le capitalisme et en faire porter les coûts à leurs peuples et aux peuples du Sud. Les mouvements sociaux doivent trouver des stratégies appropriées pour s’opposer vigoureusement à un tel projet et contribuer à son échec.
Dans cette optique, ils devraient examiner les possibilités d’alliances avec les forces politiques et les Etats opposés au système néolibéral. C’est le cas de certains pays du Sud, en particulier en Amérique latine, qui sont engagés dans expériences représentant des défis au modèle néolibéral. Ces expériences et d’autres en Asie ainsi que les débats en Afrique sur la création de nouvelles institutions sont autant de sujets sur lesquels des débats approfondis devraient être organisés pour évaluer leur contribution à la recherche d’alternatives au système actuel.
Il s’agit de proposer et promouvoir des alternatives démocratiques et populaires fondées sur des valeurs en rupture avec celles associées à la logique de l’accumulation capitaliste, à savoir l’apologie de l’exploitation et des inégalités, la célébration du culte de l’individualisme, de la propriété privée et l’idolâtrie du marché. En effet, construire un autre modèle de développement signifie aussi promouvoir des valeurs que sont la justice sociale ; la démocratie ; la distribution équitable des richesses ; la solidarité ; la coopération ; le respect de la souveraineté des peuples sur leurs ressources ; la gestion démocratique et transparente des ressources dans le respect de l’environnement.
Dans cette optique, le Forum de Dakar devrait s’attacher à relever le défi de la reconstruction de l’éthique et de la spiritualité. De la même manière, le FSM 2011 devra s’efforcer de réhabiliter la politique et la démocratie qui ont été reléguées au second plan et vidées de leur contenu par le pouvoir donné aux institutions financières et économiques internationales liées à la mondialisation néolibérale. L’affaiblissement de l’Etat et des institutions publiques a laissé un vide exploité par des groupes privés puissants pour influencer les politiques publiques au détriment de l’écrasante majorité des citoyens des pays du Sud.
Etant donné que la crise systémique du capitalisme est assimilée à une crise de civilisation, reconstruire l’éthique et la spiritualité ainsi que les relations sociales détruites par le capitalisme équivaudrait à jeter les bases d’une nouvelle civilisation, d’une nouvelle universalité. Les valeurs d’une telle universalité devraient inclure, entre autres, la coopération, le partage, la solidarité, l’inclusion, la célébration du bien collectif, le respect pour toutes les cultures et la dignité de tous les peuples et nations.
Les axes stratégiques ci-dessus seront organisés en axes de travail qui devraient permettre l’organisation de l’espace du Forum et des convergences entre les mouvements participant au Forum Social Mondial.
V) AXES DE TRAVAIL
Le Forum Social de Dakar propose les 12 axes thématiques de travail ci-dessous:
Axe 1 : Pour une société humaine fondée sur des principes et des valeurs communs de dignité, de diversité, de justice, d’égalité entre tous les êtres humains, indépendamment des genres, des cultures, de l’âge, du handicap, des croyances religieuses, et pour l’élimination de toutes les formes d’oppression et de discrimination basées sur le racisme, la xénophobie, les systèmes de castes, l’orientation sexuelle et autres.Axe 2 : Pour une justice environnementale et pour un accès universel et durable de l’humanité aux biens communs, pour la préservation de la planète comme source de vie, en particulier de la terre, de l’eau, des semences, des forêts, des sources d’énergie renouvelable et de la biodiversité, garantissant les droits des Peuples Indigènes, originaires, traditionnels, autochtones, natifs, sans Etat, “quilombolas” et riverains, sur leurs territoires, les ressources, les langues, les cultures, les identités et les savoirs.
Axe 3 : Pour l’applicabilité et l’effectivité des droits humains – économiques, sociaux, culturels, environnementaux, droits civils et politiques, y compris les droits des enfants - , en particulier le droit à la terre, à la souveraineté alimentaire, à l’alimentation, à la protection sociale, à la santé, à l’éducation, au logement, à l’emploi, au travail décent, à la communication, à l’expression culturelle et politique.
Axe 4 : Pour la liberté de circulation et d’établissement de toutes et de tous, plus particulièrement des migrants et des demandeurs d’asile, des personnes victimes du trafic humain, des réfugiés, des Peuples Indigènes, originaires, autochtones, traditionnels et natifs, des minorités, pour le respect de leurs droits civils, politiques, économiques, sociaux, culturels et environnementaux.
Axe 5 : Pour le droit inaliénable des peuples au patrimoine culturel de l’humanité, pour la démocratisation des savoirs, des cultures, de la communication et des technologies, valorisant les biens communs afin de visibiliser les savoirs subjugués, pour la fin des savoirs privés et hégémoniques, changeant fondamentalement le système des droits de la propriété intellectuelle.
Axe 6 : Pour un monde débarrassé des principes et des structures du capitalisme, de l’oppression patriarcale, de toute forme de domination des puissances financières, des transnationales et des systèmes inégaux de commerce, de la domination néocoloniale et de la domination par la dette.
Axe 7 : Pour la construction d’une économie sociale, solidaire, émancipatrice, avec des modèles soutenables de production et de consommation et un système de commerce equitable qui mette fin au productivisme, et qui mette au cœur de ses priorités l’équilibre de toutes les formes de Vie, les besoins fondamentaux des peuples et le respect de la nature, garantissant une redistribution globale avec une fiscalité internationale et sans paradis fiscaux, et pour un modèle de production et de consummation alimentaire basés sur la souveraineté alimentaire qui résiste au modèle industriel, à l’accaparement des terres, à la destruction des semences paysannes et des marchés locaux alimentaires.
Axe 8 : Pour la construction et l’expansion de structures et d’institutions démocratiques politiques et économiques locales, nationales et internationales, avec la participation des peuples aux prises de décision et au contrôle des affaires publiques et des ressources, respectant la diversité et la dignité des peuples.
Axe 9 : Pour la construction d’un ordre mondial basé sur la paix, la justice et la sécurité humaine, le droit, l’éthique et la souveraineté, condamnant les sanctions économiques, et pour l’auto-détermination des peuples, particulièrement les peuples sous occupation et ceux en situation de guerre et conflits.
Axe 10 : Pour la valorization des savoir-faire des histoires et des luttes de l’Afrique et de la diaspora et de leur contribution à l’humanité, et pour la reconnaissance de la violence du colonialisme et du néocolonialisme.
Axe 11 : Pour une réflexion collective sur les mouvements sociaux, le processus du Forum Social Mondial et les perspectives et stratégies pour l’avenir, afin de garantir leur contribution à la realization effective d’un autre monde possible et urgent pour tous et toutes.
Axe 12 : Pour un inter-apprentissage des paradigmes alternatifs à la crise de civilisation hégémonique de la modernité/colonialité eurocentrique, a travers la "dé-colonialité" et la socialisation du pouvoir, en particulier dans les relations Etat / Marché / Société; les droits collectifs des peuples; le refus de la marchandisation de la vie et du "développement"; et l'apparition de subjectivités et d'épistémologies opposées au racisme, l'eurocentrisme, le patriarcat et l'anthropocentrisme.
VI) LA METHODOLOGIE
La méthodologie du FSM 2011 préservera les acquis des fora passés au cours des 10 ans du FSM tout en proposant des innovations qui pourraient rendre plus visibles les luttes se déroulant sur différents fronts contre le capitalisme, l’impérialisme et toutes les formes d’oppression.
Comme lors des fora passés, les activités auto-organisées constitueront l’essentiel des activités du Forum. Il y aura une journée de partage des propositions faites par les différentes réseaux et organisations. Les modalités de cette journée devront faire l’objet d’une réflexion plus approfondie en vue d’y apporter des innovations qui pourraient rendre l’exercice plus utile aux participants.
Le FSM devrait donner plus de visibilité aux luttes populaires menées par les peuples originaires/autochtones ; aux résistances menées par les peuples sans Etats. Cela pourrait enrichir les rangs du FSM et lui donner encore une plus grande légitimité. A cet égard, les critères d’attribution des espaces devraient tenir compte de cet objectif afin de réserver à ces groupes des endroits adéquats sur le site global et leur accorder de bonnes conditions de travail (traduction simultanée).
Le FSM donnera également une grande visibilité aux luttes de la Diaspora Africaine. Ceci vise à mieux faire connaître ces luttes et à renforcer la solidarité entre mouvements sociaux africains et ceux de la Diaspora. A cet égard, des séminaires et tables-rondes conjoints seront organisés autour de plusieurs thématiques d’intérêt commun
La culture aura une grande place durant le FSM 2011. Elle sera promue non seulement comme moyen de divertissement mais surtout comme instrument de conscientisation politique et de mobilisation sociale. Des tables-rondes seront proposées avec la participation des hommes et femmes de culture engagés pour débattre des luttes contre le système néolibéral et des défis de développement auxquels est confronté le continent africain.
Tables de dialogue et de controverses
Les activités parrainées par le Comité d’Organisation, le Conseil Africain et le Conseil International, se feront sous forme de tables de dialogue et de controverses. Le format pourrait revêtir les formes suivantes: séminaires ; tables-rondes ; plénières suivies de débats publics, etc. L’objectif de ces Tables est d’offrir la possibilité aux mouvements sociaux de dialoguer avec des acteurs qui ne participent pas au Forum, tels que les représentants de gouvernements ou d’institutions sous-régionales, régionales et continentales. Les sujets qui pourraient être discutés dans ces tables seraient, entre autres, les relations Sud-Sud et Nord-Sud; l’intégration africaine ; l’avenir de l’Union Africaine ; la question des Etats-Unis d’Afrique ; la Renaissance Africaine ; le Panafricanisme ; la migration intra-africaine; les relations avec la Diaspora, etc.
En outre, des sujets d’intérêt stratégique, comme AFRICOM ; la sécurité collective de l’Afrique ; les conflits (socio-économiques, ethniques, religieux, etc.) ; la circulation des armes sur le continent ; le problème du terrorisme et de la drogue dans certaines régions (Maghreb ; Afrique de l’Ouest); les relations entre religion et politique, etc. pourraient également être soulevés dans ces tables.
Des cérémonies spéciales seront organisées pour honorer la mémoire des figures emblématiques de l’Afrique et de la Diaspora (leaders politiques ; penseurs ; hommes & femmes de culture ; membres du mouvement social, etc.)
D’autres innovations pourraient prendre les formes suivantes:
1) Instituer un espace public ouvert où la parole sera libre, où les gens pourraient conduire des débats philosophiques ; politiques ; des récitals de poèmes ; faire du théâtre, etc. Ce sera en souvenir d’Alexandrie, dans l’Ancienne Egypte, ou Sankoré à Tombouctou, du temps de la splendeur de l’Empire du Mali
2) Une Foire des produits africains (FIARA) sous la responsabilité du ROPPA
3) Un espace réservé aux enfants pour amusement et débats.
4) Un vernissage sur les personnages historiques de l’Afrique et de la Diaspora
5) Des journées consacrées à la solidarité avec les peuples en lutte sur divers fronts (Palestine ; Haïti ; peuples indigènes/autochtones/premiers, etc.)
6) Des journées de solidarité consacrées à diverses catégories : agriculteurs ; jeunes ; femmes ; syndicats ; handicapés ; travailleurs migrants, etc.
7) Encourager des marches quotidiennes pour soutenir, critiquer ; protester ; etc.
DEROULEMENT PREVU DES ACTIVITES DU FSM
Journée du 6 février : Marche d’ouverture
Journée du 7 février : Journée dédiée à l’Afrique et aux Diasporas
Journée du 8 février : Activités auto & co-organisées
Journée du 9 février : Activités auto & co-organisées
Journée du 10 février: Convergences/Assemblées thématiques
Journées du 11 février: Convergences thématiques/globales et clôture
On ajoutera qu’un programme culturel quotidien se déroulera parallèlement aux
Activités thématiques.