Colloque international sur la renaissance de l’Afrique : Le Forum social mondial de Dakar de février en ligne de mire

Des conclusions du Colloque international sur ’Savoir, culture, développement et renaissance de l’Afrique’ qui s’est clôturé avant-hier, jeudi, à l’université du Québec en Outaouais au Canada, l’on retient principalement un engagement à faire du Forum social mondial de Dakar de février une réussite pour un renouvellement culturel transnational.

(Correspondant permanent à Montréal) - La résistance à la mondialisation à travers l’offre d’alternatives africaines à travers les richesses cultuelles, du savoir et du développement du continent noir, a marqué le Colloque international de l’Université du Québec en Outaouais (Uqo) qui s’est déroulé dans l’enceinte de l’université les 6 et 7 octobre. Cette rencontre a réuni, autour de sommités universitaires et intellectuelles du monde et surtout de l’Afrique, d’ardents défenseurs de la cause africaine. Les débats ont tourné essentiellement autour de la perspective africaine face à la mondialisation. Ce qui s’est traduit par des interpellations de haute facture sur des questions comme les droits de l’homme et des peuples, l’enseignement supérieur en Afrique, femmes, environnement et développement, culture de résistance et développement, pastorales et développement des communautés locales, langues et culture, avenues de développement.

Le sociologue émérite Louis Favreau, titulaire de chaire en développement des collectivités de l’Uqo, estime que les limites du système néo-libéral constituent des atouts majeurs pour l’Afrique. Les crises récurrentes tant au niveau de l’économie mondiale, de l’énergie et de l’alimentation démontrent la fragilité du système libéral qui s’est arrogé un large boulevard de domination depuis la chute du mur de Berlin en 1989. Mais ce grand sociologue, auteur d’un récent livre avec le sociologue Abdou Salam Fall de l’Université de Dakar sur ‘L’Afrique qui se refait’, estime que la culture peut être un facteur de résistance et un repli identitaire face à la mondialisation. Partant du fait que la brèche des crises du système néo-libéral montre qu’aujourd’hui, les problèmes internationaux sont locaux et que les problèmes locaux sont internationaux, il y a une sorte de renouvellement culturel transnational du fait que les urgences du Nord et du Sud sont partagées. Pour Louis Favreau, la brèche ouvre la perspective à travers la culture de rendre possible une autre mondialisation écologique, démocratique et solidaire. Ce connaisseur de l’Afrique de l’Ouest et grand admirateur du président d’honneur du Cncr, Mamadou Cissokho, pense que le Forum social mondial de Dakar participera au renouvellement de la résistance et à la construction d’alternatives face à la mondialisation.

Dakar accueillera en février prochain des milliers d’altermondialistes qui viendront discuter de la problématique de la mondialisation. Le Forum sera précédé d’une rencontre internationale organisée à Saint-Louis sur les mouvements sociaux. Louis Favreau, un des organisateurs de la rencontre de Saint-Louis, indique que l’événement drainera les organisations de femmes, de quartiers, des chercheurs et des visites de terrain au niveau de la Vallée.

Pierre Beaudet, délégué du Canada au Conseil international du Forum social mondial, a plaidé pour un engagement massif pour une réussite du Forum de Dakar. Il a parlé des enjeux de la rencontre de Dakar, en déroulant les grandes étapes historiques du Forum social qui devrait permettre de renforcer les systèmes mondiaux comme l’Organisation des Nations-Unies, mais aussi définir de nouvelles trajectoires de solidarité et de résistance à la mondialisation.

Le Colloque sur la Renaissance de l’Uqo n’a pas raté l’occasion de rendre un vibrant hommage au sociologue et théologien camerounais Jean-Marc Ela. Ce dernier, décédé en exil au Canada en 2008 à l’âge de 72 ans, a mené, durant toute sa vie, un combat pour l’émergence de l’Afrique à travers la pensée et l’action. Le Professeur Yao Assogba, Canadien d’origine togolaise, ne put retenir ses larmes lorsqu’il a eu la délicate mission de rendre hommage à un collègue, mais surtout à un ami d’un long cheminement. Pour Yao Assogba, le meilleur hommage à Marc Ela est de rendre possible la perpétuation de l’œuvre de l’homme à travers l’institutionnalisation d’un Forum libre qui accueillera des manifestations, des contributions de la diaspora et des chercheurs pour faire progresser la connaissance de l’Afrique.

Jean-Marc Ela avait noté, dans son ouvrage ‘L’Afrique à l’ère du savoir, sciences, société et pouvoir’, que ‘les Africains ont le devoir de contribuer aujourd’hui à faire de leur continent un centre de référence et un pôle d’excellence en matière de savoir scientifique. C’est une question de vie ou de mort pour des millions d’hommes et de femmes d’Afrique. Ici, comme ailleurs, la science doit se définir en assumant le souci d’autrui. Ce défi s’impose plus que jamais dans un système mondial qui repose sur une rationalité trompeuse et mutilée qui débouche sur une jungle de globalisation où les plus forts détruisent les plus faibles’.

Abdou Karim DIARRA

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Published Date: 
2010 Oct 13